L'autre
jour, je me promenais dans les rues de Paris. Après avoir
sillonné les rues et ruelles, je m'arrêtai en face d'une
enseigne. Celle-ci m'indiquait un marchand de couleurs1.
Après avoir observé quelques minutes les clients qui
entraient et ressortaient, je me décidai à
franchir le perron. C'était l'effervescence à
l'intérieur, les employés s'activaient afin de servir
les ménagères et autres domestiques en quête
d'ustensiles et objets divers. Pour cette dame, habillée d'une
robe bleu azur et d'un chapeau dernier cri d'une teinte carmin foncé
orné d'un nœud en soie bleu marine, il fallait cinq litres
d'essences, deux mètres de mèche et un gros rouleau de
tissu indigo, probablement pour des rideaux. Pour ces deux jeunes
domestiques, affublés d'un uniforme visiblement trop petit et
dont la teinte dominante d'un bleu paon faisait mal aux yeux ;
c'était des clous et des marteaux qu'il fallait. Enfin mon
regard se posa sur un vieil homme discret, il tenait à la main
une petite liste un peu chiffonnée et attendait qu'on daigne
bien venir le servir. Un jeune employé vint le déloger
de la torpeur qui avait fini par le gagner ! De la peinture, c'était
là toute sa commande : un pot de bleu lavande, deux pots
de bleu roy, un autre de vert opaline, une série de pinceaux
de toutes les tailles.
Un clochette
retentit, signal de la fermeture imminente de l'établissement.
La commande fut rassemblée en quelques minutes mais cela ne
semblait pas convenir à Monsieur Germain, c'est ainsi qu'on
avait appelé le vieil homme discret. En effet, celui-ci
s'inquiétait de la nuance exacte de chaque peinture, craignant
que le bleu roy ne soit trop cérulé2
ou que le bleu lavande ne tire trop sur le bleu sarcelle, comme
l'emballage pouvait le lui laisser penser. Je ressortis pour
poursuivre mon chemin. Le ciel bleu nuit me fit prendre conscience de
l'heure avancée et je ...
1 désigne
les bazars et drogueries dans les année 1950-1960.
2 nuance de
bleu vif, azur.
J. Miquel, le 23 octobre 2011
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Histoire d'un bleu
« Tu
ne sais pas. Tu ne peux pas savoir. Jamais, tu n'étais à
Nevers » dit-elle.
Elle me
scrute, me happant de son regard bleu qui vire au pétrole.
Toute possibilité d'horizon s'absente alors. La terre
n'est plus ronde ni plate, elle se contorsionne telle une bande de
Möbius. Le ciel a la tête à l'envers, les
étoiles teintent mon air de leur poussière Brême.
Cette phrase
prend une digne place sur l'ardoise.
« C'est
la vie à crédit » ajoute-t-elle.
« Alors
que nous n'avons pas même fini de payer les dragées ».
Elle enfonce le clou, la voix induline.
Je deviens
bleu de peur, la peur que ce moment lunaire ne puisse jamais
devenir souvenir, condamné à errer dans un présent
électrique. Je vire à l'indigo, corps et
visage violacés par sa froideur outre-tombe.
La nuit
tombe d'un voile, sur nous.
A demain,
peut-être, l'aurore.
Anne, le 23 octobre 2011.
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Voyage
bleu...
Il s'en va tout doucement le bateau de ma vie,
Prestigieuse carcasse d'un bleu marine,
Sur les Eaux de l’Égée, calmes, opalines,
Vers un lieu inconnu, bleu cristalline...
Les mouettes le guettant du ciel azur,
Rendent ce voyage convivial et sur,
Horizon bleu céleste; pourvu que ça dure!
Vers une destination d'un joli bleu pur.
Sur cette mer perse, il n'y a ni tempête ni pirate,
Seul, des dauphins joyeux dans ses eaux cobalt,
Mon bateau va à toute allure, sur des vagues plates,
Chants des sirènes ensorcelant le guident et le flattent.
Marie,
le 23 octobre 2011