lundi 24 octobre 2011

Textes inspirés par les bleus (cf. nuancier en annexe de l'article précédent)


Le marchand de couleurs



L'autre jour, je me promenais dans les rues de Paris. Après avoir sillonné les rues et ruelles, je m'arrêtai en face d'une enseigne. Celle-ci m'indiquait un marchand de couleurs1. Après avoir observé quelques minutes les clients qui entraient et ressortaient, je me décidai à franchir le perron. C'était l'effervescence à l'intérieur, les employés s'activaient afin de servir les ménagères et autres domestiques en quête d'ustensiles et objets divers. Pour cette dame, habillée d'une robe bleu azur et d'un chapeau dernier cri d'une teinte carmin foncé orné d'un nœud en soie bleu marine, il fallait cinq litres d'essences, deux mètres de mèche et un gros rouleau de tissu indigo, probablement pour des rideaux. Pour ces deux jeunes domestiques, affublés d'un uniforme visiblement trop petit et dont la teinte dominante d'un bleu paon faisait mal aux yeux ; c'était des clous et des marteaux qu'il fallait. Enfin mon regard se posa sur un vieil homme discret, il tenait à la main une petite liste un peu chiffonnée et attendait qu'on daigne bien venir le servir. Un jeune employé vint le déloger de la torpeur qui avait fini par le gagner ! De la peinture, c'était là toute sa commande : un pot de bleu lavande, deux pots de bleu roy, un autre de vert opaline, une série de pinceaux de toutes les tailles.
Un clochette retentit, signal de la fermeture imminente de l'établissement. La commande fut rassemblée en quelques minutes mais cela ne semblait pas convenir à Monsieur Germain, c'est ainsi qu'on avait appelé le vieil homme discret. En effet, celui-ci s'inquiétait de la nuance exacte de chaque peinture, craignant que le bleu roy ne soit trop cérulé2 ou que le bleu lavande ne tire trop sur le bleu sarcelle, comme l'emballage pouvait le lui laisser penser. Je ressortis pour poursuivre mon chemin. Le ciel bleu nuit me fit prendre conscience de l'heure avancée et je ...

1 désigne les bazars et drogueries dans les année 1950-1960.
2 nuance de bleu vif, azur.

J. Miquel, le 23 octobre 2011


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Histoire d'un bleu




« Tu ne sais pas. Tu ne peux pas savoir. Jamais, tu n'étais à Nevers » dit-elle.
Elle me scrute, me happant de son regard bleu qui vire au pétrole. Toute possibilité d'horizon s'absente alors. La terre n'est plus ronde ni plate, elle se contorsionne telle une bande de Möbius. Le ciel a la tête à l'envers, les étoiles teintent mon air de leur poussière Brême.
Cette phrase prend une digne place sur l'ardoise.
« C'est la vie à crédit » ajoute-t-elle.
« Alors que nous n'avons pas même fini de payer les dragées ». Elle enfonce le clou, la voix induline.
Je deviens bleu de peur, la peur que ce moment lunaire ne puisse jamais devenir souvenir, condamné à errer dans un présent électrique. Je vire à l'indigo, corps et visage violacés par sa froideur outre-tombe.
La nuit tombe d'un voile, sur nous.
A demain, peut-être, l'aurore.


Anne, le 23 octobre 2011.


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Voyage bleu...



Il s'en va tout doucement le bateau de ma vie,

Prestigieuse carcasse d'un bleu marine,
Sur les Eaux de l’Égée, calmes, opalines,
Vers un lieu inconnu, bleu cristalline...
 

Les mouettes le guettant du ciel azur,
Rendent ce voyage convivial et sur,
Horizon bleu céleste; pourvu que ça dure!
Vers une destination d'un joli bleu pur.
 

Sur cette mer perse, il n'y a ni tempête ni pirate,
Seul, des dauphins joyeux dans ses eaux cobalt,
Mon bateau va à toute allure, sur des vagues plates,
Chants des sirènes ensorcelant le guident et le flattent.



Marie, le 23 octobre 2011



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