samedi 4 février 2012

Le Rouge et le Jaune

"Le 4 janvier, à 15h30, en présence de mon notaire Maître Lebleu, je, soussigné Jonathan Lejaune, déclare par le présent acte, céder mon terrain de chasse en Sologne à Fabrice Lerouge, pour la modique somme de 300.000,- euros.
Ledit Lerouge pourra ainsi jouir de toute l'étendue de cette propriété ainsi que de l'ensemble du gibier et de la volaille y demeurant."
Dans la pièce à côté, la brave Mathilde, nourrice de son état, aux bons services des époux Lejaune, n'avait pas perdu une miette de la conversation. "Ah, se dit-elle, pingre comme il est, cela me semble louche que mon maître vende son domaine pour si peu... ça cache quelque chose... ce doit être encore un de ses coups pourris. Heureusement que nous ne faisons pas affaire avec lui et que François, mon brave époux, avec ses amis Pascal et Patrick, se contentent de pêcher pour nourrir leurs familles".
Quelques jours plus tard, le 14... sur l'étang, nos trois acolytes s'en donnent à ♥ joie. La pêche est miraculeuse, il fait doux pour la saison, ils vont pouvoir ramener une bonne production à leurs femmes et enfants. Tandis qu'à quelques centaines de mètres de là, Fabrice Lerouge fulmine. Debout depuis quatre heures du matin, entouré des meilleurs chasseurs du canton, et d'une meute de fins limiers, il vient pour la quatrième fois de traverser sa nouvelle propriété, bredouille. "Bon sang, mais où sont donc partis tous ces animaux sauvages ??? ce n'est pas possible, une chasse en Sologne, et pas le moindre canard, aucun chevreuil en vue, même pas la vision d'un lièvre s'enfuyant au loin... Je crois que je vais me mettre à la pêche, même si ça fait populo, mais je ramènerais au moins de quoi manger à ma bourgeoise, j'aurais moins honte... ça va être triste le dîner, avec uniquement des légumes et des pommes de terre... ou alors... ou alors je tue un des chiens, je le découpe illico et je ramène les morceaux, ni vu ni connu ... attends, combien j'en ai, là ? un, deux...six, huit, douze... oui, ça ne se remarquera pas... Allez, viens Médor, suis moi dans le sous-bois !"
Isabelle B

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