jeudi 12 juillet 2012

Cirque de feu


Cirque de feu

J'étais en train. De me demander si j'allais le prendre. Ce train là, oui. Pour Brest.



À la réflexion je me dis que la Bretagne n'était pas pas la meilleure destination en cette saison. Et puis d'ailleurs, je n'étais guère pressé de partir... Pas comme si j'avais un train à prendre.
Je décidai donc de laisser le convoi s'ébranler sans moi. D'ailleurs je n'avais même pas pris mon billet. Un billet? Pour quoi faire? Je choisis de tenter l'aventure vers le grand sud en stop.
Je laissai donc la gare d'Austerlitz derrière moi et me dirigeai d'un pas décidé vers le périph.
Chemin faisant, je m'offris un petit plaisir en allant prendre un café dans un petit bar près de la porte d'Italie. Une affiche aux couleurs un peu passées attira mon attention: « Le Maroc en autocar, départ tous les vendredis à 11h ». Un rapide coup d'œil à l'horloge antique qui trônait au-dessus du comptoir, une confirmation demandée au taulier, et voilà mon nom ajouté au bas de la liste des passagers. Après tout, j'avais un passeport en poche, alors pourquoi ne pas tenter l'aventure...



Ce sont peut-être ces voyages improvisés, de dernière minute, qui se révèlent par la suite les plus enrichissants. L'expérience était tentante, jamais je ne pensai réaliser un jour un tel défi. Mais je n'avais rien à perdre, personne ne me retenait à Paris, et la perspective de n'avoir que quinze jours de congés avant de reprendre mon petit train-train quotidien m'encourageait à être audacieux et espérer de belles rencontres. C'était urgent, nécessaire; partir ne serait-ce que pour quinze jours, se changer la tête, déconnecter de cette grisaille, de ce stress bien français.
J'avais focalisé sur la petite affiche, mais maintenant que mon regard s'ouvrait alentours, je repérai progressivement ceux qui allaient faire partie du voyage. Il y avait d'autres personnes qui, comme moi, partaient également en touristes. Mais dans le flot de mes futurs "coéquipiers" bon nombre d'entre eux étaient d'origine marocaine et l'on lisait dans leurs yeux l'excitation grandissante à l'idée de rentrer au pays. Rien que cette ambiance, dans ce bar, là, à Paris, me faisait déjà voyager. Et voilà que je parlais avec eux !!! On s'interpellait, chahutait, riait, se retrouvait, s'embrassait.
J'observai toute cette chaleureuse troupe, et j'étais déjà parti dans ma tête. Je n'avais pas remarqué ce petit homme qui s'était installé à ma table, et lorsqu'il me saisit au bras et que je sursautai, il m'adressa un sourire tout aussi malicieux qu'énigmatique et me chuchota «Alors, vous aussi?... Le cirque de feu?»

D'ordinaire j'aurais répondu en acquiescant, pour ne pas paraître stupide ou ignorant, mais là, c'était décidé, j'allais prendre mon destin en main quelles qu'en soient les conséquences, je lui répondit négativement et je tentai une question « je ne connais pas ce cirque de feu, pouvez-vous m'expliquer?»
Le petit homme souriait, il avait compris. «Vous venez juste d'en sortir».

Patrick - Isa - Daniel, juin 2012

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